Chapitre 001
La vie est étrange. Très étrange. Elle réserve quoi? Des surprises. Ainsi... vous y croyez?... L' amour : c'est trop trop beau. Mais vraiment. Vraiment beau. Cette sublimation de l'être unique dans une osmose aussi profonde entre deux personnes qui s'obtient si subtilement à la faveur de la présence de pieds sous un buffet, c'en est impressionnant.
Cecyle (le "y" c'est pour la frime)... Cecyle, disais-je, en avait toujours rêvé sans jamais le dire à personne, sans même peut-être jamais non plus se l'avouer. Quelque chose de fort, d'intense, manquait à la dimension de son être. Cecyle était une femme, et toute femme qui se respecte entretient avec la fonction ménagère un solide attachement, un besoin si puissant, si pressant, de laver, balayer, récurer, nettoyer chaque recoin d'un espace donné qu'il appartient sans aucun doute à un Ordre Moral élevé (métaphysique et sub-quantique) d'attacher à la gente féminine ce genre de conditionnement sans lequel aucune femme ne pourrait réellement s'accomplir. Une sorte de dharma karmique (si ça veut dire quelque chose). Or cet accomplissement fallait (du verbe falloir?)... l'univers, jusqu'alors, lui avait toujours refusé de pouvoir s'épanouir comme fleur au rocher (si ça s'épanouit)... et elle, pauvrette, elle n'en avait même pas conscience.
Et c'est là que l'Amour intervient. C'est formidable. Une rencontre et tout est repeuplé. Lui, il avait tout compris, dès l'abord, qualité empathique indéniable... l'évidence poignait (du verbe poindre?)... elle n'était pas heureuse, quelque chose lui manquait. Bien sûr, il la comblait parfaitement, leur relation était au comble (ou dans les combles) de la perfection que c'en était sublime et admirable (et j'en frissonne en l'écrivant)... mais quelque chose lui manquait, d'indéfini, un quelque chose qui nuisait à leur entente sans pour autant qu'on puisse placer un doigt dessus... tout allait bien mais quelque chose n'allait pas. Il fallait réagir.
Puisqu'il savait pertinemment que ça ne venait pas de lui il comprit très vite que ça devait surgir d'elle, cette source inaltérée (ou rable?) de totale insatisfaction. Et connaissant parfaitement la nature humaine, en général, et celle toute à la fois plus délicate et mécanique de la nature féminine il suffisait pour lui de jeter un simple coup d'œil sur son environnement pour saisir sans faillir à la fois les raisons et le besoin primal et nécessaire qui entravaient leur marche triomphale vers un bonheur parfait.
Cécyle était une ménagère, une vraie, une tatouée (elle s'était fait encrée sur l'avant bras une brosse à chiotte avec comme inscription "j'adore récurer")... quand son homme revenait à la maison (après son dur labeur à la mine) elle tenait absolument à ce que cette maison soit clean, cliniquement clean. Elle allait d'un endroit à l'autre, frottant, lessivant, aspirant, nettoyant, toute entière à son ouvrage, et toute entière stressée à l'idée que cet ouvrage ne fut guère aguerri. Qu'allait-il penser d'elle? Voudrait-il encore d'elle? Comment pourrait-elle même oser le regarder droit dans les yeux sachant qu'il restait de la poussière?